Intention
2013

Pour Intention, œuvre charnière de son répertoire, il rassemble à l’issue de ses cinq années d’études à l’École des Beaux-Arts de Nice tout ce qui compose son travail. Les esquisses, les dessins préparatoires, les installations, tout est découpé, déchiré, arraché et laminé pour pouvoir entrer dans un alambic. Il l’allume et récolte les quelques gouttes qui en émergent. Elles sont la quintessence de son travail d’étudiant en art. Ce précieux breuvage est amené au nez Lucien Ferrero pour qu’il fixe la formule des notes de roses fumées et de papier brûlé. Par ce geste radical, Quentin Derouet s’approche d’une forme d’anti-matière qui irait à l’extrême opposé de ce qui fait la valeur d’une œuvre d’art classique. Rien ne dure, rien n’est véritablement là lorsque l’artiste vaporise ces oeuves, reliques de travaux disparus, émanations d’un temps révolu. Pourtant ce parfum vit et, avec lui, une autre forme de sa production. Devenue l’invisible et le volatile d’une pensée, d’un sentiment, d’une autre facette de la vie, elle s’incarne dans l’évaporation.

​

Sandra Barré Extrait, L’Odeur de l’Art Editions de la Lettre Volée, 2021